Publié le 15 Mai 2015

A la demande de notre collègue Michel Parotin, nous avons réalisé il y a quelque temps une série de pierres à fusil afin de réhabiliter un briquet pour le moins original : le briquet-pistolet. 

Ce système d'allumage est en tout point comparable au principe de mise à feu des armes à platine de silex utilisées en Europe depuis le 16 ème siècle.  Une pièce de silex maintenue sur le chien (1) vient heurter une pièce métallique appellée batterie (2), ce qui produit une gerbe d'étincelle et embrase la poudre contenue dans le bassinet (3).

Système de mise à feu d'un fusil à poudre. Nantes, Château des Ducs de Bretagne.

Système de mise à feu d'un fusil à poudre. Nantes, Château des Ducs de Bretagne.

Pour le briquet-pistolet, le système est le même mais l'amadou remplace la poudre noire.

Briquet-pistolet : (1) chien ; (2) batterie ; (3) bassinet.

Briquet-pistolet : (1) chien ; (2) batterie ; (3) bassinet.

Le chien vient de heurter la batterie au dessus du bassinet rempli d'amadou.

Le chien vient de heurter la batterie au dessus du bassinet rempli d'amadou.

L'amadou s'embrase.
L'amadou s'embrase.

L'amadou s'embrase.

La braise issue de l'amadou permet d'obtenir une flamme à l'aide, par exemple, d'une allumette soufrée.

La braise issue de l'amadou permet d'obtenir une flamme à l'aide, par exemple, d'une allumette soufrée.

 

Tout ceci ne saurait fonctionner sans le silex des pierres à fusil...

Les premiers ateliers de fabrication de pierres à fusils apparaissent vers la fin du 16ème siècle. Cette activité se poursuivra jusque dans la première moitié du 20ème siècle où l'avènement de nouveaux matériaux comme le ferro-cerrium, mettra fin à cette activité après plusieurs siècles de pratique.

En France, les centres de production de pierres à fusils les plus connus sont ceux de la vallée du Cher, entre Loir-et-Cher et Indre, à Saint-Aignan, Selles-sur-Cher et Valençay (avec un centre important autour du village de Meusnes). Il existe cependant d'autres centres de production, notamment dans la Drôme, le Vercors, le Vaucluse ou la Charente-Maritime. 

La production de pierre à fusil était réalisée par des citoyens et des familles qui pratiquaient souvent cette activité en dehors de la saison des travaux agricoles, afin de compléter leurs revenus.

Les silex étaient taillés à l'aide d'outils en fer, des marteaux de tailles variables suivant les étapes de fabrication. Les silex étaient dégrossis avec de lourdes massettes, puis on en débitait des supports à partir desquels étaient confectionnées les pierres à fusil.  

Nucléus en silex et lames obtenues par percussion directe au marteau métallique.

Nucléus en silex et lames obtenues par percussion directe au marteau métallique.

Lames de silex, lame fracturée en segments et segment central retouché en pierre à fusil.

Lames de silex, lame fracturée en segments et segment central retouché en pierre à fusil.

Lot de pierres à fusil en silex charentais.

Lot de pierres à fusil en silex charentais.

Petit complément vidéo, tourné dans les années 1920, probablement dans la région de Brandon (dans le Suffolk, Nord-est de Londres), en Angleterre.

Et en complément du complément... un article du Bulletin de la Société Préhistorique Française de 1937 dans lequel Alfred Barnes décrit avec beaucoup de précision la fabrication des pierres à fusil dans la région de Brandon.

Voir les commentaires

Rédigé par Arkéo Fabrik

Publié dans #Expérimentations, #fac-similés et reconstitutions