Fabrication d'une épée de l'âge du bronze

Revenons encore un peu sur l’Âge du Bronze, pour découvrir les techniques de fabrication des épées. 

A la fin de l’Âge du Bronze (1350-800 avant notre ère), le statut du guerrier s’affirme et les épées, armes redoutables, deviennent également marqueurs de prestige et de pouvoir. Leur fabrication est complexe et le recours à l’expérimentation permet d’en savoir plus sur des aspects peu ou mal documentés par l’archéologie.

En effet, les épées peuvent être coulées dans des moules bivalves en pierre, dans des moules ‘’coquille’’ en argile (sur la base d’un modèle de bois ou de cire) ou dans des moules au sable. C’est cette dernière et séduisante hypothèse que nous avons choisi d’illustrer ici.

Tout commence par la réalisation d’un gabarit en bois, qui ne sera pas une réplique exacte de l’épée finie mais un modèle aux tranchants plus épais pour assurer la réussite de la coulée. Le fil de l’épée sera ensuite affinés par martelage.

Le sable de fonderie est préparé en mélangeant un sable fin, de l’argile en poudre et en humidifiant légèrement le tout au cours du pétrissage afin de bien lier les deux composants.

Pour réaliser le moule, deux châssis en bois seront nécessaires. Un premier châssis est rempli de sable, soigneusement tassé au fur et à mesure du remplissage. Le gabarit de l’épée est alors enfoncé jusqu’à sa moitié dans le sable tassé. Une fine couche de talc est saupoudrée sur toute la surface pour créer un plan de joint entre les 2 faces du moule, puis le second châssis est mis en place, rempli de sable et fermement tassé.

Pour la réalisation d’épées, on utilise un alliage ternaire de cuivre, d’étain et de plomb (88 % de cuivre, 9 % d’étain auxquels et 3 % de plomb sont ajoutés pour rendre le métal plus fluide lors de la coulée). Quand le métal est fondu, il est rapidement coulé dans le moule et après un court temps de refroidissement, le moule peut être ouvert pour récupérer l’épée.

Si la lame est correctement coulée, il faut ensuite la débarrasser, par ciselage, de son jet de coulée, de ses évents et de ses petites imperfections. L’affinage des tranchants est réalisé par martelage, après plusieurs séries de recuits. Le bronze se martèle à froid et très progressivement. Le martelage durcit le métal jusqu'à le rendre cassant (écrouissage). Pour le détendre et continuer le martelage et l’affinage sans risques de voir se fissurer le métal, le recuit est indispensable (chauffe uniforme à 500-600°C et refroidissement lent).

Les derniers travaux d’abrasions et d’affûtage sont réalisés à l’aide d’outils de pierre abrasive, en grès par exemple, de grain plus ou moins grossier. Pour l’emmanchement, des plaquettes de bois sont fixées à l’aide de rivets, puis ajustées pour une bonne prise en main de la poignée.