Cette semaine, nous remontons encore le temps pour une archive de... 2004. Une des premières fois où nous avons essayé de produire cette fameuse préhistorique appellée ''bétuline''.
Il s'agit d'un adhésif très efficace réalisé à partir d’écorce de bouleau. Les plus anciennes traces de sa fabrication et de son utilisation ont été trouvées en Italie sur le site Acheuléen de Campitello. Par la suite, la bétuline est utilisée au Paléolithique moyen, au Mésolithique et plus massivement encore au Néolithique.
Dans la méthode décrite ci-dessous, l’utilisation de récipients céramiques facilite (grandement) la tâche. Pour les périodes antérieures au Néolithique et à l’invention de la céramique, des interrogations demeurent quant aux méthodes utilisées pour produire cette colle.
Le principe recherché est de condenser les fumées issues de la combustion de l’écorce pour qu'elles déposent leur goudron....
La première étape consiste à remplir un pot percé avec des rouleaux d’écorces de bouleau sèches et bien tassées.
Le récipient et son contenu d'écorces sont ensuite fermés d'un simple couvercle qui couvre le pot.
Un plus petit pot est enterré dans un foyer...
Ce dernier est recouvert par le pot percé contenant l’écorce.
Un feu est ensuite alimenté à heures autour de la céramique. Une fumée épaisse s'échappe alors par les interstices du couvercle. L'opération est terminée lorsque plus aucune fumée ne s'échappe de la poterie.
Il faudra alors écarter les braises pour laisser refroidir l'ensemble.
Puis ouvrir le couvercle pour vérifier que les écorces sont bien carbonisées...
Et enfin, soulever le premier pot pour vérifier si l'expérience a réussie et découvrir le précieux liquide noir épais et fumant.
L'expérience a fonctionné, le goudron obtenu pourra être concentré et épaissi en passant quelques heures à feu doux ...
Nous avons par la suite continué les expériences sur la bétuline et trouvé un moyen plus simple pour l'obtenir avec deux poteries et un simple tessons.
Schéma récapitulatif des deux méthodes de fabrication de bétuline avec des récipients en terre cuite.
Le principe de cette seconde méthode est relativement simple. Un grand récipient de type bouteille, à panse large et à col évasé, est rempli d'écorces de bouleau (fraîches ou sèches), bien tassées.
Une fois le récipient plein, on va venir coincer un tesson de céramique dans l'étranglement du col, pour éviter que les écorces ne redescendent une fois qu'elles auront diminué de volume avec la combustion.
Un petit vase est ensuite installé à l'envers dans le col de la bouteille. Il est possible de celer les 2 récipient par un joint d'argile fraiche, mais il faut toutefois veiller à laisser au moins une évacuation.
L'ensemble est alors retourné, au dessus d'une petite dépression aménagée dans le foyer pour y recevoir le petit vase. Le col de la grande céramique repose alors au fond du foyer et après avoir ramené un peu de terre sur le col, on peut disposer le bois (l'équivalent d'une petite brouette) et démarrer le feu.
Une fois la combustion du bois terminée, il faut laisser la structure refroidir avant de débarrasser les charbons et les cendres autour du col pour pouvoir démonter cette structure improvisée et découvrir... la bétuline !
Les restes de la combustion de l'écorce de bouleau constituent un déchet assez original.
Si nos essais de fabrication de bétuline avec des récipients en terre cuite à la façon néolithique ont pu être améliorés et sont aujourd'hui maîtrisés, toutes nos tentatives pour l'obtenir avec des méthodes alternatives ont jusqu'à maintenant été vaines.
Le monde des néandertaliens nous réserve encore bien des surprises !